Questions aïkido pour pratiquants :



Christophe


stage aikido de Toulouse 33 en 2015


Christophe Ferragne a découvert l’aïkido en avril 2011.

La pédagogie de Jérémie Fuzeau, professeur du Yokidojo de Toulouse, lui a tout de suite plu. Depuis lors, il suit assidûment les cours de son professeur et ceux de Alain Peyrache.

Quels sujets de l'aïkido pensez vous maitriser : QQOCPQ?

Christophe en 3 lignes survole les questions que se posent tout pratiquant d'aïkido s’il veut maitriser sa pratique et en faire une pratique intéressante.
La technique en aïkido est un outil "un moyen pas un objectif" (une erreur très fréquente chez les pratiquants même les professeurs les aikidokas ne sont souvent pas des pédagogues).
" Un couteau est un outil avec lequel un grand chef vous régalera, un assassin vous tuera avec..."
c'est le même outil...
Comme tous les outils :

  1. A quoi va servir votre outil : "quel votre objectif" Pourquoi? pratiquez vous cet art?
  2. il faut prendre le bon outil pour la bonne situation Quoi
  3. Pratiquez vous assez régulièrement pour cela? Quand?
  4. s'en servir avec compétence il faut donc que le geste soit dirigé par une connaissance du domaine comment? .
  5. Si ce n'est pas la cas: Vient naturellement la question suivante êtes vous dans le bon dojo? où?
  6. Quel maitre avez vous choisi, à qui avez vous confié votre avenir en aïkido qui?

1- De quand date la création de l'aïkido?

Morihei Ueshiba, le fondateur japonais de l’aïkido, n'a eu de cesse de développer son art au cours de sa vie. Entre 1927 et 1969, (date de sa mort) l'aïkido a évolué selon les avancées personnelles et les interrogations métaphysiques de "O Sensei" ("Maître vénérable").

Son art a peu à peu évolué vers la paix et la non-violence. Il a clairement laissé la voie ouverte aux continuateurs de l’aïkido traditionnel.

2- L’aikido est-il un art ou un sport ?

L'art de la cuisine se résume-t-il à élire un champion qui fait cuire son gratin en moins de 14 minutes chrono ?... Absurde !

L’aïkido est un art martial. Le principe même d’un art est que chacun l’adapte à sa personnalité et en fonction de ses compétences. On peut donc trouver des gens très compétents comme des gens qui délirent et font n'importe quoi.

En sport, la performance est parfaitement normalisée, finie et n'évoluera jamais ; alors que dans un art on n’arrive jamais à la maîtrise complète : « La voie de l'Aiki est sans limite. Je ne suis moi-même, et toujours, qu'un pratiquant » (le fondateur avait alors 80 ans). L’aïkido nous conduit à l’unité alors que le sport a besoin de la dualité. (voir la question sur l’évolution de aïkido en France)

Le système sportif appliqué à l’aïkido est contre-nature. Il ne peut que le détruire comme il a détruit d'autres arts martiaux : le judo, le karaté, etc… C'est pourquoi l'aïkido n'est pas et ne peut pas être un sport.

D’ailleurs, dans les années 60, André Noquet est radié à vie de l’aïkido par le fondateur pour avoir tenté, à Genève, d’organiser les premières compétitions d’aïkido.

Ainsi, cette liberté inhérente à l’art laisse la porte ouverte à tous les ignorants et malades mentaux de la planète qui se prennent pour des grands maîtres…

Comme en toutes choses, la qualité est rare.

3- Quelles sont les racines de l’aïkido?

Maître Ueshiba a étudié le bouddhisme Shingon dès son plus jeune âge et était un fervent pratiquant du shinto. D'autre part, le Daito Ryu Jujutsu de Maître Takeda rencontré sur l'île d'Hokkaido fut l'inspiration martiale déterminante pour O Sensei. Il étudia aussi l'art de la lance et du sabre. En 1906, il a participé aux combats de la guerre russo-japonaise qui l’ont profondément marqué.Une autre rencontre importante fut celle d’Onisaburo Deguchi, chef spirituel du mouvement Omoto dont le but était d’instaurer la paix sur terre.

En 1924, Maître Ueshiba vécut une expérience mystique qui le convainquit de l’importance d’un art de non-compétition, de non-dualité à la recherche de l'harmonie et de l'unité. Un budo véritable qui serait l’inverse d’un sport, donc.

4- L’aïkido est-il plus ancien que le judo ou le karaté ?

Le judo a été fondé à la fin du 19ème siècle et le karaté à la première moitié du 20ème siècle.

Le fondateur de l'aïkido, Morihei Ueshiba, est mort en 1969 alors que son art était en permanente évolution.

L’aïkido est donc le budo le plus moderne et un art martial non-violent, ce qui est un paradoxe. Mais le fondateur a été clair : « Je veux faire un budo qui, au lieu de détruire les gens, les construise et les rende encore plus fort »

1- Qu'est-ce que l'aïkido ?

L’aïkido est un budo ("discipline martiale moderne") japonais fondé à la moitié du 20ème siècle par Morihei Ueshiba. Il peut servir en cas de menace physique imminente tout comme, en temps de paix, à vivre sereinement et en bonne santé.

L’aïkido apprend surtout au pratiquant à ne pas s'opposer aux situations conflictuelles. Il n'y pas de blocages ou de brutalité en aïkido car on va dans le sens de l'agression, on pratique « ki no nagare ».

Pratiquer l’aïkido, c’est l’inverse de la compétition sportive où deux egos s'affrontent pour savoir qui est le plus fort puisque le « budo » est « l’art d’arrêter la lance », d’arrêter le combat. Une technique réussie en aïkido ne demande aucune force.

Comme disait le fondateur : « L’essence du budo est la voie de « masagatsu agatsu », la véritable victoire est la victoire sur soi-même. »

2- Quelle est la différence entre l’aïkido et le judo ?

Malgré une tenue et un milieu à peu près similaires du fait de leurs origines, le judo et l’aïkido sont comme le jour et la nuit.

Le fondateur du judo lui-même, Jigoro Kano, en voyant l'aïkido de maître Ueshiba, a déclaré : « C'est l'art martial que je voulais faire en inventant le judo » Il a donc demandé à Maître Ueshiba s'il pouvait envoyer ses meilleurs élèves étudier l'aïkido : Tomiki, Mochizuki ont donc étudié quelques semaines l’aïkido de O Sensei. Le seul kata avec armes en judo vient de l'aïkido. Il est difficile à reconnaître puisque les techniques ont été complètement déformées avec le temps. Tomiki fils créera d'ailleurs sa propre version de l'aïkido, le Shodokan. En bon judoka, il inclura des compétitions, ce qui en dit long sur sa compétence.

Un sport martial comme le judo a pour finalité la compétition. C'est la dualité, la musculation, l'affrontement, le Graal olympique… L'aïkido est tout l'inverse : un pratiquant d'aïkido sait qu'il y a toujours plus fort que lui. Le pratiquant d'aïkido recherche l'harmonie et l'unité, il évite toute compétition et tout affrontement. L’aïkido entend dépasser la notion même de dualité et de combat.

Le pratiquant peut juste espérer, par une pratique assidue, améliorer ce qu'il est, devenir un meilleur être humain.

3- A qui s'adresse l’aïkido?

L’aïkido s'adresse à toute personne, femme, homme ou enfant, qui peut porter un litre de lait et sortir de chez elle ! On peut pratiquer cette discipline de 7 à 77 ans. Le fondateur lui-même montait encore sur le tatami à 86 ans. L'aikidoka n'utilise pas la force musculaire en priorité et peut adapter ses mouvements à son état de santé ou niveau de pratique. L'apprentissage se fait sans douleur. La maîtrise consiste à savoir où sont nos limites et celles de notre partenaire.

4- Utilise-t-on des armes en aïkido?

Oui, nous utilisons le jo (lance), le bokken (sabre de bois) et le tanto (poignard). Le but n'est pas tant de savoir se servir de ces armes si nous sommes attaqués-il est rare de se promener dans la rue avec un sabre- que de travailler des principes : Shisei (attitude), centre, ma ai (distances), kamae ( garde)...

Il n'y a pas le travail aux armes d’un côté et sans arme de l’autre : on fait de l'aïkido. On prend une arme au besoin. L’arme est un outil pédagogique qui permet de garder ses bras devant soi, par exemple, de bien armer shomen au-dessus de sa tête ou de travailler « ki musubi » (le déplacement en harmonie avec le partenaire).

5- Comment se déroule un cours d’aïkido?

Le professeur montre une situation martiale, katate dori (saisie du poignet), atemi (coup contrôlé...). Deux par deux ou plus, les élèves les plus anciens apprennent la situation aux moins anciens dans une ambiance de partage, d'engagement martial sincère et de courtoisie.

Le débutant observe les anciens et pose des questions, s'il en ressent le besoin, sur les saluts, la pratique et le comportement à tenir au sein du dojo. Apprendre de son maître est une situation d'apprentissage et apprendre à un partenaire ce que l'on a appris est aussi une situation d’apprentissage. Elles sont les deux faces d'une même chose : le développement de soi-même.

Le système d’apprentissage auquel nous sommes habitués en France est celui de l’éducation nationale. Il fausse complètement la conception traditionnelle de la pédagogie en créant 2 statuts différents voire opposés : l'élève et le professeur, chacun d'un côté de la barrière. Dans la pratique traditionnelle, on est à la fois élève et professeur. « Si la paume de la main existe, le dos de la main aussi. Tout l'aïkido est basé sur la transmission entre " Senpaï" (l'ancien) et "Kohaï" (le jeune). On est tous le Senpaï de quelqu'un et le Kohaï d'un autre. On voit bien que l'éducation nationale n'a rien à faire dans l'aïkido car c'est un système complètement différent et incompatible.

Le fonctionnement traditionnel du dojo permet au pratiquant d'évoluer à son rythme sans pressions ou exigences de résultats.

7- A quoi servent les saluts ?

Le salut se fait en inclinant le buste. Il est avant tout une marque de politesse provenant de la tradition japonaise. Ce n'est en aucun cas un signe religieux ou de soumission.

Lorsqu'il se fait en direction du portrait du fondateur Maître Ueshiba, à l'entrée et sortie du dojo, il signifie la reconnaissance du pratiquant envers l'enseignement transmis. Deux partenaires se saluent avant et après la pratique. Le salut n'est pas anodin ou hasardeux car son inclinaison est plus ou moins accentuée selon que l'on salue un ancien (Senpai) ou cadet (Kohai). Il devient alors une façon de reconnaître sa place au sein du dojo.

Autrement dit, le salut permet de signifier les limites de notre compétence et celle des autres. Deux conditions martiales essentielles pour ne pas se tromper et éduquer son jugement.

8- Quelle est la tenue du pratiquant d’aïkido?

La tenue de base est le "keikogi" (vêtement d'entraînement) ou aïkidogi (et non le "kimono"). Il se compose d'une veste et d'un pantalon en coton blanc. La veste est fermée par une ceinture (obi).

La tenue traditionnelle complète comporte aussi le hakama, pantalon flottant noir ou bleu foncé. Le pratiquant peut le porter dès qu'il pense s'engager sérieusement dans l’aïkido et en concertation avec son professeur. Il n'est en aucun cas lié à un grade. On ne passe donc pas son hakama comme on l'entend. On s'habille simplement correctement. Un pratiquant sans hakama est l'équivalent d'un européen en slip !

Maître Ueshiba exigeait même des spectateurs de mettre un hakama pour entrer dans le dojo, c'est-à-dire avoir une tenue correcte. Comme le hakama est onéreux, on accepte de nos jours d’attendre que l’élève s’engage vraiment dans la pratique. Il pourra ainsi porter la tenue normale du pratiquant d'aïkido qui signifie aussi que l’on est en présence d'un art traditionnel et non pas d'un sport. Il est exemplaire de voir que la création du Shodokan (sport de compétition « inspiré » par l’aïkido et créé par le judoka Tomiki) a aussi vu l’abandon du port du hakama.

9- Quelles couleurs de ceinture y a-t-il en aïkido ?

Il y a deux couleurs de ceinture en aïkido : blanche et noire. La ceinture blanche correspond à un apprenti aïkidoka. La ceinture noire, contrairement à ce que l'on pourrait penser, signifie que le pratiquant est un débutant, « shodan », qui commence vraiment l'apprentissage (« sho » : « début » et « dan » : « niveau »). Symboliquement, sa ceinture blanche a noirci à force de pratiquer. N’oublions pas qu’une ceinture sert avant tout à tenir la veste fermée !

Pourtant, vous trouvez tout et n'importe quoi en aïkido. La raison est simple : la "gratification de l'ego" ! Que ne ferait-on pas pour une couleur de ceinture lorsque l’on est persuadé que celle-ci indique votre compétence dans un domaine comme l'aïkido. Et les professeurs incompétents de flatter leurs élèves en leur donnant les ceintures convoitées !

Les ceintures de couleur ont une histoire folklorique : Kishomaru Ueshiba, assureur de métier- non pas professeur d'aïkido- remplaça au pied levé son frère mort dans un accident de voiture. Ce dernier avait été formé pour succéder au fondateur en 1948. Du haut de son ignorance de businessman, Kishomaru décida de « moderniser » l’aïkido. Il voulut faire mieux que son père, le fondateur lui-même, en adoptant le système des ceintures de couleur du judo inventé par un japonais, élève du fondateur du judo, Koizumi. Ce système se basait sur les boules de billard anglais ! Cette version édulcorée de l'aïkido et ce manque de respect envers le fondateur se sont donc répandus à travers le monde avec le système de grades propre au judo et ce, jusqu’aux barrettes pour les plus méticuleux ! Cela contribua évidemment, de fil en aiguille, à pervertir l’aïkido dans des systèmes sportifs. Nul ne sera étonné d’apprendre la participation de la FFAAA aux jeux martiaux de Pékin en 2010…

10- Quels grades y a-t-il en aïkido ?

« Tu es quel grade ? » Vous reconnaîtrez peut-être la fameuse question que tout le monde vous pose quand vous pratiquez un art martial ? Elle n’a d’intérêt que pour les incompétents parce que, sur un tatami, il suffit de regarder vos actes pour savoir votre place. Maître Ueshiba, fondateur de l’aïkido, disait : « C’est parce que l’on se mesure aux hommes (…) que rien ne va dans ce monde. » « L’aïkido est l’inverse d’un sport ».

Beaucoup de professeurs d’arts martiaux sont avant tout des commerçants encourageants. Pour vendre un produit, il faut bien flatter le client : « Vous serez extrêmement compétents, sans faire d'efforts et très rapidement…vous aurez des grades » L'essentiel c’est d’y croire… Le système Kyu et Dan a été instauré par Jigoro Kano, le fondateur du judo pour encourager les pratiquants, flatter leur ego.

Le fondateur de l'aïkido, Maître Ueshiba reçut son Menkyo Kaiden (système de grades ancien) de la part de Sokaku Takeda, son maître de Daito Ryu. Morihei Ueshiba fut donc reconnu digne de transmettre l'art qui lui avait été enseigné dans son intégralité. Cependant, O Sensei avait un certain mépris pour ces diplômes de compétences. Il avait la coutume ironique de donner son livre « Budo » (1935) en guise de titre de professeur d'aïkido. En effet, la sagesse orientale explique que l'on ne peut pas mesurer la qualité mais qu'elle s'apprécie.

Réfléchissons un peu : Dans un sport, la performance est normalisée et ne change jamais. Ceci permet de pouvoir comparer les individus et d’établir une hiérarchie d'efficacité à l’aide de grades, par exemple. Selon cette hiérarchie, le plus efficace est le champion. Le système de grade, de nos jours, veut sanctionner une récitation technique vide devenue l’objectif premier du pratiquant. Dans un art comme l'aïkido traditionnel, on n’arrive jamais au bout, on ne maîtrisera jamais cet art parfaitement. Maître Ueshiba disait : "La voie de l'aïkido est infinie". Ainsi, vouloir imposer des niveaux sur une voie infinie, c'est-à-dire donner des diplômes qui indiquent que l’on se trouve à la moitié d’une voie infinie, par exemple, est particulièrement stupide et absurde ! Il faut avoir un problème d'ego à satisfaire par tous les moyens ! Le but de l'aïkido étant le développement et la réalisation de soi-même, si quelqu'un vous dit que vous êtes « cinquième dan de réalisation de vous-même », il se fout de votre gueule !…

11- Pourquoi pratiquer l’aïkido?

Pour son développement personnel. Le « do » de « aïkido » veut dire réalisation de soi-même, en direction de la voie montrée par le professeur.

Le but d’un garagiste n’est pas d’adorer ses outils mais de réparer une voiture à l’aide de ses outils. De même, l’objectif de l’aikidoka est d’utiliser ses outils techniques pour une voie de développement personnelle et un travail sur l’ego.

La pratique de l’aïkido permet de savoir se détendre et de pouvoir prévenir les situations conflictuelles physiques ou psychologiques. Le but n’est pas de devenir un champion ou un combattant mais plutôt un être humain qui se connaît mieux. Une pratique assidue apporte joie et confiance en soi.

12- Combien d'années de pratique sont-elles nécessaires pour être un vrai aikidoka ?

Un vrai aikidoka est simplement celui qui décide de suivre la voie du fondateur de l'aïkido, Morihei Ueshiba. C'est quand même lui, à ce jour, qui est allé le plus loin dans cette voie. Alors un peu de modestie et faisons taire nos egos ! Un vrai aikidoka pratique un art et non pas l'inverse, un sport dans un milieu sportif. Là aussi, faisons référence au fondateur de l'aïkido : « On peut pratiquer l'aïkido pendant trois heures, trois jours, trois ans ou toute une vie ; on est simplement un peu plus ou un peu moins avancé sur cette voie. »Le vrai aikidoka n’attend pas non plus que tombe le Ki transcendantal sans rien faire ! L'essentiel, pour que l'enseignement nous enrichisse, est de pratiquer régulièrement et avec sincérité... et d'avoir choisi un professeur qui nous convienne. Il n'y a pas d'exigence de résultats en aïkido, ni de besoin d’arriver le premier car la voie est infinie, on a le temps ! L'engagement dans le dojo se fait selon les disponibilités et les priorités de chacun. Mieux on s'engage, mieux on reçoit le bénéfice de l'enseignement.

13- L’aïkido, c'est comme dans les films de Steven Seagal?

De la même façon qu’il est préférable de savoir différencier la télévision du réel, les jeux vidéo de la vraie vie, il est important de distinguer le spectacle martial d'une pratique traditionnelle. L'objectif du cinéma est à l'opposé de celui de la voie martiale. C'est ce que veut dire le "do" de "aïkido": le pratiquant apprend à suivre la "voie" d'un professeur, une voie personnelle ressentie qui essaie d'éviter le piège des images : ce n'est pas la beauté ou le bruit de la chute qui fait le bon aikidoka. En effet, plus le pratiquant avance dans l'étude, plus il se rend compte que l'essentiel n'est pas la forme mais le fond. « L’essentiel est invisible pour les yeux » disait Saint-Exupery dans Le petit prince.

14- L'aikido, c'est l'art martial où on retourne la force de l'agresseur contre lui-même ?

Effectivement, une des caractéristiques de l’aïkido est d'apprendre au pratiquant à ne pas s'opposer à l'agression (« ki no nagare »). L’autre caractéristique est qu’il n’y a pas de compétition car ce n’est pas un sport mais un art. Le pratiquant est amené à utiliser l'intention et les faiblesses du partenaire pour le mettre en état de vulnérabilité et de déséquilibre. Ainsi, l'agression est contrôlée et détournée sereinement.

Mieux, l’aïkido est par principe non-violent et préventif (ce qui ne signifie pas que l'aikidoka ait peur du combat). Idéalement, le pratiquant fera tout pour éviter d'en venir aux mains en désamorçant les signes avant-coureurs du conflit pour que la violence meure avant d'avoir vécu.

O Sensei disait : " L'aïkido se situe avant le geste"

Qu'est-ce que l'aïkido traditionnel ?

C’est simplement celui qui respecte l'idée de l'aïkido selon le fondateur, Maître Ueshiba. Autrement dit, l’aïkido traditionnel, c’est de l’aïkido : un art martial par essence non sportif et sans compétition à l’opposé des structures et mentalités sportives. L’aïkido qui fonctionne dans un milieu qui a généré les plus grands maîtres, celui d'un dojo traditionnel.

Même si la France compte le plus grand nombre de pratiquants dans le monde après le Japon (60 000), tous ne pratiquent pas l'aïkido traditionnel. L’aïkido traditionnel est un fonctionnement perpétué depuis les origines japonaises de l'art. La phrase suivante pourrait résumer son principe : " Un maître, un dojo". En effet, l'aïkido traditionnel ne reconnaît pas d'autres autorités que celle du professeur du dojo. Celui-ci guide ses élèves sur la Voie qu'il pense correcte. Lui-même restant en lien avec son professeur. On peut comparer ce fonctionnement à une école d’artisanat dirigée par un maître-artisan. Ainsi, la transmission de l'enseignement se fait de maître à élèves et d'anciens (Senpai) à moins anciens (Kohai), chacun essayant de trouver sa place pour avancer sur la Voie (voir la question sur le dojo et sur yin yang). La tradition n'est pas une pratique poussiéreuse mais un fonctionnement dont l'efficacité intemporelle est toujours d'actualité.

2- Un gymnase peut-il être un dojo?

L'aïkido se pratique n'importe où : sur une plage ensoleillée, dans les bois. Ce n'est pas le lieu qui compte, c'est ce qu'on y fait et comment on le fait.

Les dojos sont souvent des lieux sportifs (gymnases). On y rencontre des sports martiaux comme le judo, le karaté... Les ignorants font donc la confusion et assimilent l'aïkido à ces sports martiaux. Le dojo est "le lieu où l'on étudie la Voie". Un gymnase peut donc tout à fait être un dojo si l'on y pratique l’aïkido traditionnel. Sinon, il s'agit d'un gymnase sportif de "club". Le dojo est un fonctionnement, un état d'esprit : on y suit l'enseignement d'un seul maître et chacun est au service du dojo selon ses aptitudes et disponibilités. On n'y a pas d'attitude de sportifs : compétitions, culte de l'ego, émotions exacerbées. (voir la question sur le cours d’aïkido)

3- Pourquoi n'y a-t-il pas de compétitions en aïkido ?

Le fondateur Maître Ueshiba a toujours été formel sur le sujet : l’aïkido n'a plus de sens si l'on en fait des compétitions, une dualité d'egos, puisque sa finalité est justement le dépouillement de l'ego et non la réalisation d’une prouesse sportive. C'est pour cela qu'un vrai pratiquant de Budo ne parle jamais de ses diplômes ou de ses grades. Demander son grade à quelqu'un est de l'impolitesse. Le pratiquant qui s'en vante est un sportif qui n’a rien compris à l’aïkido.

La compétition en aïkido est aussi absurde qu'une compétition de peintres !

4- Y a –t-il un rapport entre yin yang et aïkido ?

Etymologiquement, «Yin » représente le côté à l’ombre de la colline, l’interne, le froid, le quantitatif. « Yang » représente le côté ensoleillé, l’externe, le chaud, le qualitatif. Ce sont des contraires complémentaires évolutifs, indissociables l’un de l’autre. Si une partie de la montagne est à l’ombre, l’autre est ensoleillée. Et la montagne reste une. Toute la sagesse orientale est basée sur ce principe.

Cet état d’esprit non-duel se retrouve naturellement en aïkido et en est une des fondations : prenons Omote Ura, par exemple. Selon les kanjis, Omote est l’extérieur du vêtement, Ura l’intérieur du vêtement. Contrairement à ce que veut faire croire le système sportif occidental, ce ne sont donc pas des opposés qui permettraient de mesurer, de classer les techniques en « négatives » et « positives » ou « ikkyo omote, ikkyo ura ». Il y a toujours Omote dans Ura et Ura dans Omote. Ces concepts sont interdépendants comme les deux faces de la main. La même chose pour Irimi Tenkan : on ne peut pas isoler et classer un mouvement qui rentre et un qui tourne. Ce serait absurde et la discipline pratiquée ne serait plus de l’aïkido.

On retrouve cette complémentarité à tous les niveaux en aïkido : on pratique avec un partenaire adversaire. « Partenaire » car il est bienveillant et veut avancer sur la Voie avec nous. « Adversaire » car, à tout moment, il peut nous rappeler à la martialité (atemi, kaeshi waza) si l’on fait une erreur de jugement. Il est symboliquement là pour nous tuer car le tatami est un champ de bataille.

Enfin, le fonctionnement du dojo lui-même est basé sur les rapports entre le Senpai (l’ancien) et le Kohai ( le jeune). (voir le déroulement d’un cours plus haut) On est toujours le Senpai ou le Kohai de quelqu’un. Le professeur est le Senpai du dojo. Apprendre de quelqu’un et apprendre à quelqu’un sont les deux faces d’un même apprentissage. C'est ce que nous apportent la tradition orientale et la pratique de l'aïkido : on apprend quand on fait la technique (Tori ) et quand on suit cette technique (Aite ). Il n’y en a pas un qui attend que cela se passe, qui subit et l’autre qui travaille. « Aite » veut dire « la main commune ». Tori et aite apprennent ensemble. Tori est donc actif et apprend à se protéger en faisant ki no nagare. Ils sont les deux faces d’un même apprentissage.

1- Comment l’aïkido a-t-il évolué en France ?

Comme les autres disciplines martiales : au début, on respecte la tradition, le fonctionnement qui a vu naître la discipline. Puis, on crée une fédération, c'est-à-dire un milieu qui ne convient pas à cette discipline. L’objectif est normalement de « fédérer ». Mais c’est en fait le début de la fin de la discipline. Comme l'a dit un grand judoka dans les années 50, lors de la création de la fédération de judo : « Si l'on m'avait dit qu'en quelques mois, une fédération puisse à ce point détruire une discipline… je ne vous aurais jamais cru »

La fédération, une fois créée, met en place le rouleau compresseur de la destruction de la discipline concernée par des intérêts administratifs qui vont à l'encontre des pratiquants et de la discipline.

La fédération veut être reconnue par l'État pour avoir plus de pouvoir, plus d'argent, plus de médias, toujours plus… ! Ce système fait le jeu du ministère de la jeunesse et des sports dont le seul but est de contrôler tout ce qui se rapproche de près ou de loin du sport. La recette est simple et a fait ses preuves : « Diviser pour mieux régner ». Le ministère de distribuer les pouvoirs, céder quelques subventions, donner des agréments, des habilitations qui ne lui coûtent rien et le tour est joué !

Avec le temps, les pratiquants oublient les fondamentaux de leur pratique, le fait que leur discipline n’était pas un sport, à la base. Le nombre de débutants augmentent, de plus en plus de pratiquants ne connaissent rien à leur discipline. Ceux qui dirigent ont besoin de cette ignorance et de ses nombreux clients. Des gens moins bien formés et incompétents enseignent au bout de quelques années contribuant ainsi à la vulgarisation –au sens littéral- de la discipline. La pratique originale est dévaluée, déformée et n’a plus de sens. Elle va être digérée par la société et devenir ce qu'elle connaît : une activité sportive. Ce n’est qu’une question de temps.

L'aïkido a particulièrement bien résisté depuis 50 ans. Ceux qui se rappellent de l'originalité de cette discipline se démènent pour ne pas que l’on croit que l’aïkido est un « sport parmi les sports ».

Voulant créer un espace de pratique respectueuse de ce que Maître Ueshiba (fondateur de l’aïkido) avait voulu, Alain Peyrache fonde L'EPA en 1994. L’aïkido traditionnel pouvait continuer sa voie.

2- Y a-t-il beaucoup de pratiquants en France ?

Hors du Japon, la France est le pays qui compte le plus de pratiquants d'aïkido, avec plus de 60 000 licenciés.

3- Comment est organisé l’aïkido traditionnel?

Exactement comme les 3000 dojos japonais. Comme cela s'est toujours fait au Japon depuis des siècles, les dojos sont indépendants et dirigés chacun par un professeur exclusivement. Quand un élève est jugé prêt par le professeur, il est encouragé, s'il le veut, à fonder son propre dojo afin de promouvoir l'enseignement reçu, à sa façon. Mais il restera toujours l'élève de son maître et pourra lui demander conseil.

1- Qu'est-ce qu'un maître d’aïkido ?

Le maître est le professeur du dojo (ou "Sensei"), le maître de la maison. Il décide seul de la voie à suivre dans son dojo à travers la dispense de son enseignement.

Si l'élève a la possibilité de choisir son professeur, l'élève doit aussi être accepté par le maître.

Suivre un maître dans le cadre d'un enseignement traditionnel est la garantie d'un enseignement véritablement transmis et non imposé par une entité étrangère aux préoccupations de l’aïkido (fédérations et autres administrations sportives). En outre, un maître sait s'adapter à chaque élève en lui proposant des difficultés surmontables qui le feront avancer sur le chemin de la Voie.

2- Qui était Maître Tamura ?

Nobuyoshi Tamura devient disciple du fondateur de l’aïkido Morihei Ueshiba en 1953. Il s'installe en France en 1964 et commence à y développer la pratique de l'aïkido et devient une référence. Il devient Directeur Technique National (DTN) de la Fédération Française d’Aïkido et de Budo (FFAB) à sa création dans les années 1980. Son élève le plus notable est Alain Peyrache Shihan, fondateur de l'EPA-ISTA.

3- Qui est Alain Peyrache Shihan ?

En 1964, Alain Peyrache découvre l’aïkido. Il fréquente par la suite les cours des Maîtres Nakazono, Tada, Noro puis devient l'élève de Maître Tamura jusqu'à la mort de celui-ci.

En 1969, il entre, sous la direction de Maître Tamura, au comité directeur de l’ACFA (Association Culturelle Française d’Aïkido), puis à l’ UNA (Union Nationale d’Aïkido), structure représentant la 1ère tentative de réunification des différents groupes de l’aïkido français.

A partir de 1983, Alain Peyrache se dépense sans compter aux côtés de Maître Tamura parti de l’ UNA, pour mettre en place la FFLAB.

En 1994, conscient de l’imposture d'un aïkido national et des querelles d'ego au sein des fédérations françaises, pour continuer à respecter le fonctionnement traditionnel de l'aïkido et la voie tracée par le fondateur, Alain Peyrache fonde l'EPA ( European Promotion of Aïkido) suivie en 2001 de l'ISTA (International School of Aïkido).

Alain Peyrache est Sokê ("modèle") car il a fondé sa propre école. La voie qu’il enseigne est avant tout un apprentissage de l’autonomie.


Aikido Tassin
Organisation : EPA ISTA
Adresse :
Gymnase des Genetières 1
69160 Lyon Tassin la Demi-Lune 69 France
Téléphone : 06 64 77 28 70