L’aïkido est un budo ("discipline martiale moderne") japonais fondé
à la moitié du 20ème siècle par Morihei Ueshiba.
Il peut servir en cas de menace physique imminente tout comme,
en temps de paix, à vivre sereinement et en bonne santé.
L’aïkido apprend surtout au pratiquant à ne pas s'opposer
aux situations conflictuelles. Il n'y pas de blocages ou de brutalité
en aïkido car on va dans le sens de l'agression,
on pratique « ki no nagare ».
Pratiquer l’aïkido, c’est l’inverse de la compétition sportive où
deux egos s'affrontent pour savoir qui est le plus fort puisque
le « budo » est « l’art d’arrêter la lance », d’arrêter
le combat. Une technique réussie en aïkido ne demande aucune force.
Comme disait le fondateur : « L’essence du budo est la voie de
« masagatsu agatsu », la véritable victoire est la victoire sur soi-même. »
Malgré une tenue et un milieu à peu près similaires du fait de leurs
origines, le judo et l’aïkido sont comme le jour et la nuit.
Le fondateur du judo lui-même, Jigoro Kano, en voyant l'aïkido de
maître Ueshiba, a déclaré :
« C'est l'art martial que je voulais faire en inventant le judo »
Il a donc demandé à Maître Ueshiba s'il pouvait envoyer ses meilleurs
élèves étudier l'aïkido : Tomiki, Mochizuki ont donc étudié
quelques semaines l’aïkido de O Sensei. Le seul kata avec armes
en judo vient de l'aïkido. Il est difficile à reconnaître
puisque les techniques ont été complètement déformées avec le temps.
Tomiki fils créera d'ailleurs sa propre version de l'aïkido, le Shodokan.
En bon judoka, il inclura des compétitions, ce qui en dit long sur sa compétence.
Un sport martial comme le judo a pour finalité la compétition.
C'est la dualité, la musculation, l'affrontement, le Graal olympique…
L'aïkido est tout l'inverse : un pratiquant d'aïkido sait
qu'il y a toujours plus fort que lui. Le pratiquant d'aïkido
recherche l'harmonie et l'unité, il évite toute compétition
et tout affrontement. L’aïkido entend dépasser la notion même
de dualité et de combat.
Le pratiquant peut juste espérer, par une pratique assidue,
améliorer ce qu'il est, devenir un meilleur être humain.
L’aïkido s'adresse à toute personne, femme, homme ou enfant,
qui peut porter un litre de lait et sortir de chez elle !
On peut pratiquer cette discipline de 7 à 77 ans.
Le fondateur lui-même montait encore sur le tatami à 86 ans.
L'aikidoka n'utilise pas la force musculaire en priorité et
peut adapter ses mouvements à son état de santé ou niveau de pratique.
L'apprentissage se fait sans douleur. La maîtrise consiste à savoir
où sont nos limites et celles de notre partenaire.
Oui, nous utilisons le jo (lance), le bokken (sabre de bois) et le tanto (poignard).
Le but n'est pas tant de savoir se servir de ces armes
si nous sommes attaqués-il est rare de se promener
dans la rue avec un sabre- que de travailler des principes :
Shisei (attitude), centre, ma ai (distances), kamae ( garde)...
Il n'y a pas le travail aux armes d’un côté et sans arme de l’autre :
on fait de l'aïkido.
On prend une arme au besoin.
L’arme est un outil pédagogique qui permet de garder ses bras
devant soi, par exemple, de bien armer shomen au-dessus de
sa tête ou de travailler « ki musubi » (le déplacement
en harmonie avec le partenaire).
Le professeur montre une situation martiale, katate dori (saisie du poignet),
atemi (coup contrôlé...).
Deux par deux ou plus, les élèves les plus anciens apprennent
la situation aux moins anciens dans une ambiance de partage,
d'engagement martial sincère et de courtoisie.
Le débutant observe les anciens et pose des questions,
s'il en ressent le besoin, sur les saluts,
la pratique et le comportement à tenir au sein du dojo.
Apprendre de son maître est une situation d'apprentissage
et apprendre à un partenaire ce que l'on a appris est aussi
une situation d’apprentissage. Elles sont les deux faces d'une
même chose : le développement de soi-même.
Le système d’apprentissage auquel nous sommes habitués en France
est celui de l’éducation nationale.
Il fausse complètement la conception traditionnelle de la pédagogie
en créant 2 statuts différents voire opposés :
l'élève et le professeur, chacun d'un côté de la barrière.
Dans la pratique traditionnelle, on est à la fois élève et professeur.
« Si la paume de la main existe, le dos de la main aussi.
Tout l'aïkido est basé sur la transmission entre " Senpaï"
(l'ancien) et "Kohaï" (le jeune). On est tous le Senpaï de
quelqu'un et le Kohaï d'un autre. On voit bien que l'éducation
nationale n'a rien à faire dans l'aïkido car c'est un système
complètement différent et incompatible.
Le fonctionnement traditionnel du dojo permet au pratiquant
d'évoluer à son rythme sans pressions ou exigences de résultats.
Le salut se fait en inclinant le buste.
Il est avant tout une marque de politesse provenant de la tradition japonaise.
Ce n'est en aucun cas un signe religieux ou de soumission.
Lorsqu'il se fait en direction du portrait du fondateur Maître Ueshiba,
à l'entrée et sortie du dojo, il signifie la reconnaissance
du pratiquant envers l'enseignement transmis.
Deux partenaires se saluent avant et après la pratique.
Le salut n'est pas anodin ou hasardeux car son inclinaison est plus
ou moins accentuée selon que l'on salue un ancien (Senpai)
ou cadet (Kohai). Il devient alors une façon de reconnaître
sa place au sein du dojo.
Autrement dit, le salut permet de signifier les limites de notre compétence
et celle des autres. Deux conditions martiales essentielles pour
ne pas se tromper et éduquer son jugement.
La tenue de base est le "keikogi" (vêtement d'entraînement)
ou aïkidogi (et non le "kimono"). Il se compose d'une veste et d'un pantalon
en coton blanc. La veste est fermée par une ceinture (obi).
La tenue traditionnelle complète comporte aussi le hakama,
pantalon flottant noir ou bleu foncé. Le pratiquant peut
le porter dès qu'il pense s'engager sérieusement dans
l’aïkido et en concertation avec son professeur.
Il n'est en aucun cas lié à un grade. On ne passe donc
pas son hakama comme on l'entend. On s'habille simplement
correctement.
Un pratiquant sans hakama est l'équivalent d'un européen en slip !
Maître Ueshiba exigeait même des spectateurs de mettre un hakama
pour entrer dans le dojo, c'est-à-dire avoir une tenue correcte.
Comme le hakama est onéreux, on accepte de nos jours d’attendre
que l’élève s’engage vraiment dans la pratique. Il pourra ainsi
porter la tenue normale du pratiquant d'aïkido qui signifie
aussi que l’on est en présence d'un art traditionnel et
non pas d'un sport. Il est exemplaire de voir que la création
du Shodokan (sport de compétition « inspiré » par l’aïkido
et créé par le judoka Tomiki) a aussi vu l’abandon du port du hakama.
Il y a deux couleurs de ceinture en aïkido : blanche et noire. La ceinture blanche correspond à un apprenti aïkidoka. La ceinture noire, contrairement à ce que l'on pourrait penser, signifie que le pratiquant est un débutant, « shodan », qui commence vraiment l'apprentissage (« sho » : « début » et « dan » : « niveau »). Symboliquement, sa ceinture blanche a noirci à force de pratiquer. N’oublions pas qu’une ceinture sert avant tout à tenir la veste fermée !
Pourtant, vous trouvez tout et n'importe quoi en aïkido.
La raison est simple : la "gratification de l'ego" !
Que ne ferait-on pas pour une couleur de ceinture lorsque
l’on est persuadé que celle-ci indique votre compétence
dans un domaine comme l'aïkido. Et les professeurs incompétents
de flatter leurs élèves en leur donnant les ceintures convoitées !
Les ceintures de couleur ont une histoire folklorique :
Kishomaru Ueshiba, assureur de métier- non pas professeur
d'aïkido- remplaça au pied levé son frère mort dans un accident
de voiture. Ce dernier avait été formé pour succéder au fondateur
en 1948. Du haut de son ignorance de businessman,
Kishomaru décida de « moderniser » l’aïkido. Il voulut faire mieux
que son père, le fondateur lui-même, en adoptant le système
des ceintures de couleur du judo inventé par un japonais, élève
du fondateur du judo, Koizumi. Ce système se basait sur les boules
de billard anglais ! Cette version édulcorée de l'aïkido et
ce manque de respect envers le fondateur se sont donc répandus
à travers le monde avec le système de grades propre au judo et ce,
jusqu’aux barrettes pour les plus méticuleux ! Cela contribua évidemment,
de fil en aiguille, à pervertir l’aïkido dans des systèmes sportifs.
Nul ne sera étonné d’apprendre la participation de la FFAAA aux jeux
martiaux de Pékin en 2010…
« Tu es quel grade ? » Vous reconnaîtrez peut-être la fameuse
question que tout le monde vous pose quand vous pratiquez
un art martial ? Elle n’a d’intérêt que pour les incompétents
parce que, sur un tatami, il suffit de regarder vos actes
pour savoir votre place. Maître Ueshiba, fondateur de l’aïkido,
disait : « C’est parce que l’on se mesure aux hommes (…) que rien
ne va dans ce monde. » « L’aïkido est l’inverse d’un sport ».
Beaucoup de professeurs d’arts martiaux sont avant tout des
commerçants encourageants. Pour vendre un produit,
il faut bien flatter le client : « Vous serez extrêmement
compétents, sans faire d'efforts et très rapidement…vous aurez des grades »
L'essentiel c’est d’y croire… Le système Kyu et Dan a été instauré
par Jigoro Kano, le fondateur du judo pour encourager les pratiquants,
flatter leur ego.
Le fondateur de l'aïkido, Maître Ueshiba reçut son Menkyo Kaiden
(système de grades ancien) de la part de Sokaku Takeda,
son maître de Daito Ryu. Morihei Ueshiba fut donc reconnu
digne de transmettre l'art qui lui avait été enseigné dans
son intégralité. Cependant, O Sensei avait un certain mépris
pour ces diplômes de compétences. Il avait la coutume
ironique de donner son livre « Budo » (1935) en guise de
titre de professeur d'aïkido. En effet, la sagesse orientale
explique que l'on ne peut pas mesurer la qualité mais
qu'elle s'apprécie.
Réfléchissons un peu :
Dans un sport, la performance est normalisée et ne change jamais.
Ceci permet de pouvoir comparer les individus et d’établir
une hiérarchie d'efficacité à l’aide de grades, par exemple.
Selon cette hiérarchie, le plus efficace est le champion.
Le système de grade, de nos jours, veut sanctionner une récitation
technique vide devenue l’objectif premier du pratiquant.
Dans un art comme l'aïkido traditionnel, on n’arrive jamais au bout,
on ne maîtrisera jamais cet art parfaitement.
Maître Ueshiba disait : "La voie de l'aïkido est infinie".
Ainsi, vouloir imposer des niveaux sur une voie infinie,
c'est-à-dire donner des diplômes qui indiquent que l’on se trouve
à la moitié d’une voie infinie, par exemple, est particulièrement
stupide et absurde ! Il faut avoir un problème d'ego à satisfaire
par tous les moyens ! Le but de l'aïkido étant le développement
et la réalisation de soi-même, si quelqu'un vous dit que vous êtes
« cinquième dan de réalisation de vous-même », il se fout de votre gueule !…
Pour son développement personnel.
Le « do » de « aïkido » veut dire réalisation de soi-même,
en direction de la voie montrée par le professeur.
Le but d’un garagiste n’est pas d’adorer ses outils
mais de réparer une voiture à l’aide de ses outils. De même,
l’objectif de l’aikidoka est d’utiliser ses outils techniques
pour une voie de développement personnelle et un travail sur l’ego.
La pratique de l’aïkido permet de savoir se détendre et
de pouvoir prévenir les situations conflictuelles physiques
ou psychologiques. Le but n’est pas de devenir un champion
ou un combattant mais plutôt un être humain qui se connaît mieux.
Une pratique assidue apporte joie et confiance en soi.
Un vrai aikidoka est simplement celui qui décide de suivre la voie
du fondateur de l'aïkido, Morihei Ueshiba.
C'est quand même lui, à ce jour, qui est allé le plus loin
dans cette voie. Alors un peu de modestie et faisons taire nos
egos ! Un vrai aikidoka pratique un art et non pas l'inverse,
un sport dans un milieu sportif. Là aussi, faisons référence
au fondateur de l'aïkido : « On peut pratiquer l'aïkido pendant
trois heures, trois jours, trois ans ou toute une vie ; on est
simplement un peu plus ou un peu moins avancé sur cette voie.
»Le vrai aikidoka n’attend pas non plus que tombe le Ki transcendantal
sans rien faire ! L'essentiel, pour que l'enseignement nous enrichisse,
est de pratiquer régulièrement et avec sincérité...
et d'avoir choisi un professeur qui nous convienne.
Il n'y a pas d'exigence de résultats en aïkido, ni de besoin d’arriver
le premier car la voie est infinie, on a le temps !
L'engagement dans le dojo se fait selon les disponibilités
et les priorités de chacun. Mieux on s'engage, mieux on reçoit
le bénéfice de l'enseignement.
De la même façon qu’il est préférable de savoir différencier
la télévision du réel, les jeux vidéo de la vraie vie,
il est important de distinguer le spectacle martial d'une pratique
traditionnelle. L'objectif du cinéma est à l'opposé de
celui de la voie martiale. C'est ce que veut dire le "do"
de "aïkido": le pratiquant apprend à suivre la "voie"
d'un professeur, une voie personnelle ressentie qui essaie
d'éviter le piège des images : ce n'est pas la beauté ou
le bruit de la chute qui fait le bon aikidoka. En effet,
plus le pratiquant avance dans l'étude, plus il se rend compte
que l'essentiel n'est pas la forme mais le fond. « L’essentiel
est invisible pour les yeux » disait Saint-Exupery dans Le petit prince.
Effectivement, une des caractéristiques de l’aïkido est d'apprendre
au pratiquant à ne pas s'opposer à l'agression (« ki no nagare »).
L’autre caractéristique est qu’il n’y a pas de compétition car
ce n’est pas un sport mais un art. Le pratiquant est amené à utiliser
l'intention et les faiblesses du partenaire pour le mettre
en état de vulnérabilité et de déséquilibre.
Ainsi, l'agression est contrôlée et détournée sereinement.
Mieux, l’aïkido est par principe non-violent et préventif
(ce qui ne signifie pas que l'aikidoka ait peur du combat).
Idéalement, le pratiquant fera tout pour éviter d'en venir
aux mains en désamorçant les signes avant-coureurs du conflit
pour que la violence meure avant d'avoir vécu.
O Sensei disait : " L'aïkido se situe avant le geste"